La publication récente des programmes d’éducation
physique et sportive (EPS) pour le collège, pour la
voie professionnelle et pour les voies générale et technologique impose une réflexion approfondie sur leurs enjeux.
En effet, face à des enseignants qui éprouvent de réelles difficultés à s’approprier ces nouveaux programmes et des formateurs qui souhaitent inscrire leurs actions dans une démarche cohérente et un discours commun, il apparaît comme incontournable de s’intéresser davanatage à la notion de compétence et de sa transmission en EPS.
Le Bulletin Officiel Spécial n°2 du 19/02/2009 nous rappelle la finalité, les objectifs et les compétences définissant la matrice disciplinaire qui structure et fonde l’enseignement de l’éducation physique et sportive à l’école primaire, au collège et aux lycées.
L’éducation physique et sportive a pour finalité de former, par la
pratique scolaire des activités physiques, sportives, artistiques, un
citoyen cultivé, lucide, autonome, physiquement et socialement
éduqué.
Trois objectifs :
L’éducation physique et sportive doit permettre à chaque élève de :
– Développer et mobiliser ses ressources pour enrichir sa motricité, la rendre efficace et favoriser la réussite.
– Savoir gérer sa vie physique et sociale.
– Accéder au patrimoine culturel, par la pratique d’une forme
scolaire des activités physiques, sportives et artistiques.
Les compétences à acquérir en EPS :
Une compétence témoigne de la possibilité d’agir volontairement et de manière efficace face à une famille de situations.
Les compétences représentent selon D.DELIGNIERES (1993) un “ensemble structuré et cohérent de ressources qui permet d’être efficace dans un domaine social d’action”
J.LEPLAT (EPS 267) nous dit que “la compétence est une notion abstraite et hypothétique : elle est par nature inobservable”.
L’EPS vise donc à doter l’élève de deux ensembles de compétences :
– Celui des compétences propres à l’EPS, qui s’observent à
travers la réalisation motrice de l’élève et qui supposent de sa part
la mobilisation à bon escient de ses ressources physiologiques,
cognitives, affectives…
– Celui des compétences méthodologiques et sociales, outils
qui permettent à l’élève de savoir apprendre et de savoir être,
seul et avec les autres.
La compétence, c’est la capacité de maitriser l’ensemble des situations survenant dans un domaine social d’activité. La compétence est un indice de maitrise dans un domaine d’activité, potentiellement composé d’une infinité de tâches, certaines usuelles, d’autres prédictibles mais apparaissant rarement, d’autres exceptionnelles n’apparaissant qu’en
situation de crise. Elle doit être distinguée de l’habileté, indice d’efficacité dans une tâche spécifiée. La compétence mobilise à bon escient différentes ressources pour répondre à une situation inédite et complexe. La compétence est une accumulation de ressources mobilisées de différentes manières.
La compétence est davantage que les ressources qui la constituent : ce plus doit s’enseigner. Au delà du développement des ressources, il est
nécessaire d’enseigner « la capacité à lire la complexité, à discerner l’essentiel du superflu, à hiérarchiser les urgences à trouver des compromis
entre contraintes contradictoires. » (DELIGNIERES 2009).
La compétence se construit, elle ne s’enseigne pas. Elle se construit « au gré d’une confrontation à des situations complexe que la dynamique d’un projet peut engendrer. » (PERRENOUD 2014)
Après de multiples décisions relevant davantage du tâtonnement éclairé que d’une analyse rationnelle et exhaustive. Cela implique pour l’élève de tâtonner, pour trouver un équilibre en stratégie improvisée et stratégies délibérées. Il n’y a pas de réponse idéale : on prend la plus acceptable.
Elle est organisante car elle tire partie de ses productions, échecs ou réussites, pour s’enrichir, évoluer et modifier sa manière d’envisager les problèmes.
La seule manière de cerner une compétence est de décrire la situation dans laquelle elle est censée s’exprimer. La situation doit contraindre les ressources à interagir entre elles, dans une logique qui n’est guère élucidable et qui est sans doute spécifique à chaque pratiquant. (DELIGNIERES 2009).
Elle se construit de manière concentrique : le complexe doit être présent dès le départ. La compétence va se construire face à des situations de plus en plus diversifiées et complexes.
La compétence nécessite une dévolution de la part de l’enseignant. Ce dernier doit accepter de laisser davantage de pouvoir d’action à ses élèves afin de :
- Les responsabiliser
- Faire évoluer les élèves au sein d’une “mini-société” (la classe)
- Agir en collectivité
- Permettre aux élèves de se développer
- Acquérir des savoirs faire, des savoirs être
- Valoriser l’élève et lui permettre de devenir acteur de ses apprentissages
Evaluation par compétence :
Mettre les élèves face à une tâche finale (tâche complexe) va permettre à ces derniers de mobiliser leurs ressources pour trouver des solutions aux problèmes rencontrés et mettre en lumière leurs compétences.
Il revient à l’enseignant de proposer une évalution critériée, positive et ayant du sens chez les élèves pour leur permettre de saisir l’intérêt d’agir, de favoriser l’engagement des élèves dans un climat propice aux apprentissages afin de révéler chez eux des compétences concourant aux différents domaines du socle permettant à terme de construire un citoyen lucide, cultivé et autonome, physiquement et socialement éduqué.
Bibliographie :
DELIGNIERES.D (2009). Complexité et compétence. Edition Revue EPS
DELIGNIERES.D, GARSAULT.C (1999). Connaissances et compétences en EPS. Revue EPS n°280, p43-47.
DE ROSNAY.J (1995). L’homme symbiotique. Edition Seuil.
REY.B (1998). Les compétences transversales en question. Edition ESF.
REY.B (2014). La notion de compétence en éducation et formation. Edition De Boeck.
UBALDI.JL (2005). Les compétences.